Belgisch Historisch Centrum voor Scouting
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Biografieën

Marcelle DE MEULEMEESTER (Bruges, 28 juin 1911 – Uccle, 23 décembre 2012) (GCB)

Marcelle à la guitare, Madeleine à l’arrière-plan.

Cerf ardent

Marcelle de Meulemeester s’est éteinte ce 23 décembre 2012, seize années après sa sœur Madeleine (Bruges, 8 janvier 1904 – Lincé, 3 septembre 1996). Toutes deux ont joué un rôle considérable dans le développement du guidisme catholique belge au cours des années 1940-1950 et sont devenues par leurs actions des figures marquantes des GCB.

Issue d’une famille brugeoise de six enfants, Marcelle est l’avant-dernière de la famille, précédée par sa sœur aînée Madeleine et encadrée par quatre frères. Durant la Première Guerre mondiale, la famille émigre en Grande-Bretagne. Au cours des années 1920, Marcelle étudie aux Dames de Saint-André à Bruges, mais également en Angleterre, où elle découvre le guidisme et fait sa promesse guide en 1930.

Elle poursuit ses études supérieures à l’Institut Saint-Louis à Bruxelles, puis à l’Université de Louvain, où elle décroche une candidature en Philosophie et Lettres et un baccalauréat en philosophie thomiste.

Avec sa sœur, elle fut impliquée dans la création de la Jeunesse Universitaire Catholique et devint présidente de la section de Louvain.

Au décès de leur mère en 1936, les deux sœurs s’installent à Impde dans une fermette dénommée « Le Kam », puis rejoignent la Drève de Welriekende en bordure de forêt de Soignes, avant de s’établir à l’avenue Delleur à Boitsfort. C’est à cette époque que Marcelle se rapproche du guidisme belge, en contactant d’abord les GGB, où Madame Morel la réoriente vers les guides catholiques, à l’époque dirigées depuis le Cénacle par Hélène de Saint-Genest.  Marcelle devient, après un court passage à la 5e Compagnie, assistante de Rose Béteille au Clan du Genêt en 1938, tout en s’occupant de la 10e Compagnie à Molenbeek d’abord comme assistante puis comme cheftaine, ainsi que du groupe d’Eupen qu’elle créera en 1939 grâce à sa connaissance de l’allemand.

Durant la Seconde Guerre mondiale, après un court exode en France, les deux sœurs s’installent rue Willy Coppens à Boitsfort. Marcelle est alors appelée à devenir cheftaine de la 4e Compagnie Roi Albert de Bruxelles, au Cénacle, en remplacement de Françoise May passée en Grande-Bretagne. C’est en 1941 que Madeleine rejoint sa sœur, en intégrant à son tour le mouvement guide. Marcelle fonde aussi le Clan des Pèlerins en 1942 et, au moment où Bruxelles se dote d’un Conseil de District, devient responsable de district pour la branche Route (dénommée « Eclaireuse » à l’époque). Parallèlement à leurs activités guides, les deux sœurs participent aussi à des camps de l’Aide aux Enfants des Prisonniers, en tant que dirigeantes de camp. Elles mènent aussi toutes deux des actions de résistance, en tant que membres de l’Armée Secrète, en cachant des enfants juifs, ainsi que des résistants émettant depuis le toit de leur maison. En 1999, elles seront toutes deux reconnues « juste parmi les nations » pour leurs actions.

Marcelle aura ainsi été cheftaine de compagnie de 1938 à 1947 et cheftaine de clan de 1938 à 1951. Elle s’y fait déjà remarquer comme une grande mélomane et bonne guitariste, mais se découvre aussi une passion pour la montagne.  Son clan éditera un chansonnier “en accordéon” appelé Le Pèlerin, qui contiendra plusieurs de ses chansons.  Elle produira également deux chansons du disque 45 tours que les GCB éditeront à l’occasion de leur 50e anniversaire en 1965.

En 1945, alors que sa sœur Madeleine reprend les rênes du mouvement, Marcelle devient Commissaire à la Route des GCB avec l’abbé Poelman, branche qu’elle dirigea jusqu’en 1952, et dont elle renouvellera la pédagogie de fond en comble.  Elle organise ces années-là le Rallye des Blés mûrs à Waulsort et celui de Hurtebise, accueillant à chaque fois 500 participantes.

Elle débute également à cette époque des activités de représentation du mouvement à l’étranger. En 1947, elle participe de la sorte à une rencontre de la Fédération Internationale des Mouvements de Jeunesse Féminins Catholiques à Rome. Elle en revient en vélo et cela lui donne l’idée d’aller à Rome, depuis Gênes, à vélo avec son clan des Pèlerins l’année d’après.  Cette même année,  elle est présente à Foxlease à la première rencontre catholique du guidisme, prélude à la création de la Conférence Internationale Catholique du Guidisme. Au mois d’août 1948, elle est aussi formatrice pour cheftaines guides allemandes à Dusseldorf.

En 1952, après l’achat du Carrick, Marcelle accepte de diriger la maison guide de l’avenue Janson. Il lui revint à ce titre de guider la Princesse Joséphine Charlotte, lorsque celle-ci vint visiter le Carrick le 29 novembre 1952. Depuis 1949, Madeleine, rejointe par Marcelle à partir de 1964, accueillait également les guides au « Trait d’Union » à Lincé, un bâtiment qui sera racheté par les deux sœurs en 1963.

Marcelle, au centre en haut, à côté de Madeleine (tenant le chien), sur le perron du Trait d’Union à Lincé.Au cours des années 1956-1962, Marcelle effectua de nombreux voyages en Afrique pour soutenir le guidisme local. Le 20 avril 1956, elle part par exemple en Afrique du Sud pour y former des cheftaines et coordonner les groupes guides indigènes, grâce à sa maitrise de l’anglais. Elle passe aussi au Congo et au Rwanda. A partir de 1958, Marcelle fut par ailleurs nommée Commissaire « Trainer » (à la formation) chez les GCB. En avril 1959, elle est présente au congrès scout et guide de Stanleyville, avant de rejoindre le Burundi, puis de participer à la conférence Panafricaine du guidisme en Ouganda. Elle fut encore formatrice ou traductrice au Nigeria en 1964, au Kenya et en Zambie en 1965. Grâce à ces multiples expériences, elle devint encore Commissaire Internationale “Outre-Mer” des GCB dans l’équipe de Geneviève Van Ruymbeke en 1969.

Thierry Scaillet et Sophie Wittemans

Sources

1) ARCA, Archives GCB, Album anniversaire de Lincé – 1984.
2) Dominique Buron, Geneviève Iweins, Sophie Wittemans, « De Meulemeester Madeleine », dans Dictionnaire des femmes belges. XIXe et XXe siècles, Bruxelles, Racine, 2006, p. 179-180.
3) Geneviève Iweins, « De l’œuvre aux fédérations. Le guidisme catholique en Belgique, 1915-1960. Chronique d’un mouvement », dans Guidisme, scoutisme et coéducation. Pour une histoire de la mixité dans les mouvements de jeunesse, Louvain-la-Neuve, 2007, p. 211-269.
4) Marie-Madeleine Kisters et Monique Callier, « Il est une fois à Lincé… Marcelle de Meulemeester », dans Contact, septembre 1991, p. 20-29.
5) Interviews de Marcelle de Meulemeester par Sophie Wittemans et Dominique Buron, septembre 2002 et 28 janvier 2003.