Belgisch Historisch Centrum voor Scouting
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Dons d'objets et d'archives

Germaine et Adeline (dite Linette) Brunard naissent respectivement le 3 janvier 1899 et le 15 avril 1900 dans la demeure de leurs parents, l’hôtel Peltzer, au 123, avenue Louise à Bruxelles. Cet hôtel, ainsi que le château de Renal (Ouffet) où les GGB camperont souvent dans l’entre-deux-guerres, a été bâti par l’architecte Victor Besme en 1874 pour leur grand-père maternel, Oscar Peltzer, fils cadet de la riche famille d’industriels de la laine à Verviers. Les deux filles d’Oscar Pelzter, Hélène et Adeline, épouseront deux frères Brunard, Charles et Edouard, le 25 juin 1894. Les Brunard sont de grands et richissimes propriétaires terriens dans le Hainaut et le Brabant. Le château de Thy, où les GGB camperont également souvent, leur appartient.

Les deux sœurs, très proches, jouissent d’une éducation privée soignée, comprenant langues (anglais et allemand), musique (chant pour Germaine et piano pour Linette) et arts (Linette fera de la peinture et de la sculpture [i], Germaine se révèlera surtout comme une aquarelliste de talent). Adolescentes en Belgique pendant la Grande Guerre, leur père, actif au CPAS de la Ville de Bruxelles, les emmène probablement en mission. C’est pour elles la découverte de la pauvreté, des différents milieux, de l’immigration et de la réalité des enfants non baptisés. De nature entreprenantes, peut-être même un peu avant-gardistes, elles auraient souhaité s’engager dans le guidisme avant-guerre mais sont jugées trop jeunes. Après-guerre, encouragés par leurs parents, elles fusionneront leur désir de guidisme et leur générosité de cœur envers tous les enfants en fondant les Girls Guides de Belgique [ii].

Fondatrice des GGB en 1919 avec sa sœur Adeline, Germaine est guide-mistress de la Première Troupe Honneur de 1920 à 1924. Nommée commissaire de Liège (fonction qu’elle assumera jusqu’à la guerre) à son mariage en janvier 1925 avec le notaire liégeois (catholique) Willy Herman, elle fondera une troupe à Liège en décembre 1925 et s’occupera aussi de guidisme en Hainaut (elle sera ainsi à nouveau cheftaine de la troupe de Morlanwez en 1937). Bien des guides auront campé dans sa propriété de Thy puis de Renal, et ont appris à connaître oiseaux et fleurs grâce à elle [iii]. Elle est même qualifiée de « véritable encyclopédie de naturaliste ». Elle est souvent formatrice à des camps-école, qu’elle aide d’ailleurs aussi financièrement, pour ces matières et d’autres. Elle peint beaucoup la nature (mais aussi les trophées de chasse, étant elle-même une assidue de l’art cynégétique), adore voyager pour son plaisir (le couple fait des expéditions en jeep à travers l’Afrique) et pour le guidisme, puisqu’elle représente les GGB aux conférences internationales guides de Hongrie en 1928, de Pologne en 1934 et d’Adelboden 1938. Elle les représente également au Comité National, qui réunit guides catholiques et pluralistes. Le couple restera sans enfants, mais accueillera très souvent ses neveux et également deux orphelins anglais après la Seconde Guerre mondiale, qui s’intègreront à la famille. Germaine présidera également la section de la Croix-Rouge d’Ouffet.

Adeline (dite Linette), plus jeune d’une année, est d’abord assistante de sa sœur à la Troupe Honneur, puis succède à Hélène Graux comme guide-mistress à la 11e troupe (YMCA), rue du Dam fin 1921, et dirige en 1925 la 9e Troupe des Cadettes (futures cheftaines). De tempérament plus organisé et administratif que sa sœur, elle se charge au tout début de la correspondance avec Londres et dessinera les (indispensables) insignes des GGB. En 1922, elle passe aussi consciencieusement les brevets de couturière, musicienne, service domestique, divertissement, tricoteuse, jouets, brodeuse, cuisinière, blanchisseuse [iv]. Elle fera partie du Département technique de 1919 à 1939 (qui définit les brevets guides, les uniformes, textes, formulaires, etc.) et mènera la délégation GGB à Argeronne en 1922 et à Foxlease en 1924. Son totem est Faucon.

Elle épouse en juillet 1927 Willy François, ingénieur commercial ULB, d’origine anversoise. Le couple a trois enfants (Anne, Paul et Hélène) et habitera longtemps dans l’immeuble familial situé au 22, rue du Musée à Bruxelles.

De 1920 à 1935-36, le Comité exécutif des GGB rassemble les personnes qui s’occupent « activement » du mouvement, tandis que le Conseil général réunit aussi des dames qui en sont un peu plus éloignées. Adeline et Germaine font partie des deux instances, ainsi que leur mère, Hélène Brunard (qui est vice-présidente du Comité exécutif) et leur sœur aînée, Simone [v]. Adeline est secrétaire du comité exécutif en 1920-21 et occasionnellement en 1922.  

Pour des raisons d’efficacité, les GGB restructurent leur Comité exécutif en 1935. Il ne se réunit en plénière qu’une seule fois par mois, tandis que les autres semaines, un Comité restreint, où ne siège qu’une seule représentante par département et par région, fait avancer le travail. Adeline et Germaine font partie des deux instances, l’une pour le Département Technique, l’autre pour la région de Liège. Fin octobre 1935, le Comité exécutif cède la place à un Bureau, beaucoup plus restreint, qui a pour mission de gérer l’association au jour le jour. Elles n’en font plus partie à ce moment, même si Germaine sera élue au Bureau de 1937 à 1939. Toujours membres du Conseil général des GGB, les deux sœurs seront co-fondatrices de l’ASBL GGB en 1937. Elles seront également très impliquées dans la réception des Baden-Powell dans le port d’Anvers les 21 et 22 août 1938 : Linette est responsable de la visite d’Anvers et au départ du bateau, Germaine se tient avec le Conseil général au Steen et l’accompagne à Bruges avec Mathilde Morel [vi].

En 1939, les sœurs Brunard auraient bien aimé organiser un camp national au lieu-dit Waroumont, près de Renal, où Pierre Vanderveken les avait initiées au scoutisme en juillet 1919. Mais elles s’y prennent un peu tard et il y a la concurrence du camp mondial en Hongrie cet été-là. Germaine Brunard pose alors sa candidature au poste de commissaire nationale, mais le Bureau estime que ce poste, tel qu’elle le conçoit (donner des directives aux commissaires et surveiller leurs activités) est inutile. On lui propose plutôt le titre de Commissaire nationale pour la diffusion/propagation du guidisme. Linette démissionne du Département Technique. Au même moment, le Bureau propose de leur décerner le titre de « commissaire fondatrice », titre qu’elles n’accepteront que 10 ans plus tard, au 30e anniversaire des GGB [vii]. En avril 1940, elles se voient décerner, en même temps que Georgette Morel, Marguerite Lacomblé et Marguerite Van Halteren la médaille d’or de l’ordre de Léopold II pour 20 ans de dévouement pour les GGB. Leur lettre de remerciement à Mathilde Morel à cette occasion est assez froide…

Pendant la Seconde Guerre mondiale, elles reprennent pourtant du service : Germaine est très présente aux réunions et insiste beaucoup sur l’organisation de services. Elle animera, avec sa sœur et sa nièce, un club pour femmes anglaises « Four Leaves for Leave » dans la maison de Charles Wiener. Elle fait également partie du jury pour la formation de trainers (formateurs).  Linette est élue au Bureau en avril 1942 comme commissaire aux lutins [viii]. Elle démissionne en septembre 1945, pour partir au Canada (son mari participe aux missions économiques Kronacker), où elle s’insèrera, qui l’eût cru, dans le milieu guide ! Elle revient au poste de Commissaire du District de Bruxelles de 1948 à 1954 (pendant le mandat d’Ada Cornil comme commissaire nationale). En 1957, Linette reprend encore généreusement du service à la demande de la commissaire nationale Marianne Limbosch, pour encadrer le projet d’un terrain et d’une maison de camp GGB. Elle créera la coopérative, cherchera un terrain de camp et construira le Chalet de Heure en Famenne, avec d’autres anciennes (qui apportent certainement 1,15 million de FB à ce projet). Membre du Conseil général BSB-GGB à cette époque, elle s’implique aussi ailleurs, en particulier à la clinique Docteur Dercheid, où elle anime des ateliers de travaux manuels depuis la fin de la guerre.

Dans les années 1960, les sœurs Brunard se disent déçues de la manière dont le mouvement change (tout change en effet : la promesse, la loi, même le nom, puisqu’en 1966, les BSB-GGB se scindent linguistiquement en Fédération des Éclaireurs et des Éclaireuses (FEE) et Federatie voor Open Scoutisme). Linette surtout maintiendra un lien d’amitié avec Olave Baden-Powell : lorsqu’elle vient en mai 1965 à Bruxelles pour le 50e anniversaire des GCB, Linette demande à la voir. Elles se retrouvent bien entendu lors des célébrations du 60e anniversaire des GGB en 1969. Enfin, le 10 avril 1970, Olave convie Linette et Germaine au 70e anniversaire des guides anglaises, le Golden Jubilee.  Il n’est pas certain qu’elles s’y soient rendues.

Linette décèdera la première, le 19 mars 1984 et sera enterrée au Schoonselhof à Anvers. Germaine quittera ce monde le 24 octobre 1986 et sera enterrée au cimetière de Hamoir, près de Renal.


[i] Elle sera élève du sculpteur animalier Albéric Collin, dont elle collectionne les œuvres.

[ii] Témoignage de Hélène François, fille cadette de Linette Brunard (épouse François) recueilli en juillet 2020. Le soutien de Pierre Graux, fondateur des Boy Scouts de Belgique, a été déterminant dans leur démarche.

[iii] Le Message, novembre 1935, p. 200.

[iv] CHBS, Fonds GGB, 1.

[v]  Simone possède un certificat littéraire et sera présidente de l’Union des Femmes coloniales. Son époux, Jean Sohier, étant militaire au Congo, elle s’occupera du département du « Congo » des GGB.

[vi] CHBS, Fonds GGB, 10.

[vii] CHBS, Fonds GGB, 11, Bureau administratif.

[viii] Avec, sous la direction de Suzanne Scoumanne, Mme Van Halteren et Ada Cornil comme commissaires aux Aînées, et Georgette Morel commissaire aux Isolées.

(c) Sophie Wittemans/CHBS. 
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