Marguerite Lacomblé (Bruxelles, 25 mai 1895) (GGB)

dite Laky – Noisette

Marguerite Lacomblé naît à Bruxelles le 25 mai 1895. Son père, Adolphe Lacomblé, est avocat près de la cour d’appel de Bruxelles et photographe amateur talentueux [i], sa mère, Berthe, est une Jottrand (elle relatera souvent l’histoire de Jottrand et du drapeau belge). Elle a deux sœurs aînées et un frère cadet.

Lorsqu’elle découvre le guidisme en 1919, elle est enseigne comme régente au Lycée Dachsbeck, rue de la Paille. Probablement y a-t-elle également fait ses études. En octobre 1919, une certaine Mariette Louis fait partie de ses élèves.  Mariette a alors 16 ans, ce qui laisse supposer que Laky enseignait en section supérieure. Est-ce Mariette, qui a été guide en Angleterre pendant la guerre, qui lui fait découvrir le guidisme ? [i]

Le projet pédagogique du Lycée (qui succède aux Cours d’éducation A & B créés par Isabelle Gatti de Gamond) a des points communs avec celui que les GGB développeront à partir de 1920 et dont Laky sera une des chevilles ouvrières. « Fondés sur le principe de la liberté de conscience, ouverts aux adolescentes de tous les cultes » les programmes des Cours d’éducation sont novateurs, car selon Isabelle Gatti de Gamond, « si la femme a un rôle familial essentiel à assumer, elle doit être capable de se suffire à elle-même ». D’où une formation scientifique poussée et « la présence de cours comme l’économie domestique, l’hygiène, la puériculture, l’éducation maternelle, etc.  D’un point de vue méthodologique, on mettait l’accent sur la formation plutôt que l’information, sur le développement de la spontanéité, sur le raisonnement, sur la pratique d’une méthode active et intuitive et le bannissement de l’enseignement magistral et livresque. (…) » [ii].

A son décès, nombre d’anciennes de Vaillance se rappellent combien elle leur « apprenait des choses en s’amusant » : botanique, zoologie, astronomie, économie domestique, couture… et un peu d’histoire de la Belgique aussi.  Ce sont peut-être les matières qu’elle enseigne. Du Lycée, où elle doit les pratiquer (le Lycée organise à partir de 1919 des voyages scolaires de plusieurs jours, alliant géographie, histoire et sciences naturelles), elle développe dans le monde guide l’aspect « excursions et voyages ». On dira encore d’elle : « A l’avant-garde pour tout ce qui était voyage, vous nous avez aussi donné l’amour des équipées bien documentées ». Elle n’a pas froid aux yeux, tout en préparant bien ses déplacements. Et doit inspirer confiance à pas mal de parents de GGB. « Et les exploits d’entre-deux-guerres ? Partir en Tchécoslovaquie avec quelques exploratrices en cape bleue au début des années 1920, c’est l’aventure intégrale. Et entraîner de jeunes citadines à résister au froid de 3 heures du matin sur des paillasses avant l’introduction des sacs de couchage » [iii].

Laky, si elle comprend probablement l’anglais, ne semble pas l’écrire. Dans le monde du guidisme international, elle correspond en français avec un certain nombre d’Anglaises (Ann Kindersley, Rose Kerr) et noue surtout des amitiés sincères avec des dirigeantes de la Fédération Française des Eclaireuses. Des cartes postales conservées aux archives attestent de l’amitié de Laky et de Marguerite Walther, grande personnalité de la Fédération Française des Eclaireuses (guidisme pluraliste français). Totémisée Renne Tenace, dit « Chef Walther », elle est l’aînée de Laky puisque née en 1882 à Mulhouse.Laky fait probablement sa connaissance à Argeronne puis la croise à nouveau à Foxlease, à Bussang, en Suisse, au Chalet… Comme Laky qui animera la 2^e Vaillance pendant 20 ans, la région GGB du Hainaut de 1932 à 1936, une section d’Aînées, tout en faisant partie du Comité exécutif et général, Renne anime une section guide locale mais se retrouve aussi dans les instances de son association guide.

Ce qu’on dit de Renne : « Notre technique de camp est essentiellement sa création : plus pratique et plus ‘bâtisseuse’ que la plupart d’entre nous, elle avait le sens de la vie de camp rustique, mais bien organisée et notre Manuel de camp est bien son œuvre » ^[iv], on aurait tout aussi bien pu le dire de Laky, qui jusqu’après la Seconde Guerre mondiale sera « commissaire au camping », après avoir géré le département du « matériel ».  Pendant la guerre, elle s’évertue encore à trouver des cantonnements pour les camps et insiste pour que les enfants soient bien nourris. Toutes deux étaient des vraies campeuses, des amoureuses du plein air et de la nature, dotées de beaucoup de naturel, de simplicité, de bonté, d’une grande culture et du goût de l’histoire…  Discrètes, exigeantes et méticuleuses, Laky était peut-être un peu moins conformiste et dotée de plus d’humour que Renne. Mais cette dernière a eu un rayonnement moral plus grand que Laky : les GGB reprendront ses textes, ses réflexions, ses méditations dans leurs revues à maintes reprises. Laky nous laissera par contre son carnet de camps, dans un Cahier acheté à Foxlease en 1924. L’index révèle que de la Pentecôte 1920 à juillet 1946, elle aura campé 82 fois.  Un record.

[i] Mariette Louis était guide chez les Girl Guides Britanniques de la High School de Sydenham.

[ii] Pol Delfosse (dir.), Dictionnaire historique de la Laïcité en Belgique, Bruxelles, 2005, pp. 69-70.

[iii] You Smolski, Laky, dans la brochure « Laky 1895-1984 », p. 6.  Rose Kerr confiera ses filles à Laky pour un camp.

[iv] FFE, In memoriam Marguerite Walther, 4 décembre 1882-29 avril 1942, Cahors, 1943, p. 24. Marguerite Walther sera commissaire régionale (1927-1931) et commissaire nationale (1931-1940).

[i] Une notice lui est consacrée sur Wikipedia et le musée de la photographie à Charleroi conserve ses photos.

(c) Sophie Wittemans/CHBS. 
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